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Harcèlement dans un lycée

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name="ftn1"> Dominic Barter a commencé il y a 15 ans,
en créant du lien avec les habitants des favelas, et conduit
maintenant un projet pilote de justice réparatrice au BrésiBrésil avecle ministère de la justice et de l'éducation, projet soutenu parl’UNESCO. Ils ont été expérimentés et évalués au Brésil,dans 89 écoles, publiques ou privées, de 1000 à 4000 élèves,aussi bien avec des enfants, à partir de 5 ans, qu’avec desadultes. Les évaluations ont montré que là où des cercles sontactifs, on constate une réduction de 50&nbsp;% du nombre de casoù les jeunes sont amenés devant un juge et que plus de 90% desconflits traités avec les cercles avaient été résolus à lasatisfaction des personnes interrogées. </ref>. Or, l’un des moyens mis en avantces derniers temps pour traiter des problèmes de harcèlement àl’école est précisémment le recours à la justicerestauratrice<ref name="ftn2"> «&nbsp;''Une desvoies à explorer, mais ça va vouloir dire un accompagnement desétablissements scolaires, une formation réelle au niveau des chefsd’établissement, des CPE, mais aussi au niveau des personnelsd’inspection, touche à tout ce qui est relatif à la justiceréparatrice et restaurative.&nbsp;»''Comment prévenir leharcèlement scolaire, Questions à Eric DEBARBIEUX, La revue de laVie scolaire, n° 182, décembre 2011, pp 6-10. </ref>. Comme le dit Eric DEBARBIEU, ils’agit «&nbsp;''de savoir comment réparer à la fois lavictime et l’agresseur. Il faut absolument que du côté del’agresseur il y ait une prise de conscience réelle sur ce quis’est passé, une longue discussion sur le sujet et une véritablejustice alternative''&nbsp;»<ref name="ftn3">Ibidem</ref> Or, la justice réparatrice permet une réelleprise de conscience par l’auteur de l’acte<ref name="ftn4">Dans les systèmes restauratifs, on ne parle pas de victimes et decoupables, mais d’ « auteur de l’acte » et de« receveur de l’acte ».</ref> des conséquencesde son acte, en particulier de la souffrance de la personne qui areçu l’acte. D’un autre côté, pour le receveur de l’acte,pouvoir exprimer sa souffrance et qu’elle soit entendue parl’auteur est très réparateur. Enfin, autre avantage, dans lesCercles Restauratifs, toutes les personnes impactées par l’actesont prises en compte. Or, sans être les « victimes »directes des deux jeunes filles, de nombreux élèves de la classe sesentaient concernés par ce conflit et il me semblait important deles associer à la résolution de celui-ci. M. P. a donc validé le recours aux cerclesrestauratifs comme forme de résolution du conflit. Quant à moi, jeme sentais capable de le mettre en œuvre. Je connaissais assez biencet outil pour faire partie depuis deux ans du groupe de recherche etde pratique des cercles restauratifs de Bordeaux. De plus, je venaisde participer à la session sur les cercles restauratifs menée parDominic BARTER à Gradignan (lycée des Graves) les 18 et 19 janvier. == Les avant cercles == Dans les avant cercles, le facilitateur (moien l’occurrence) rencontre séparément l’auteur de l’acte, lereceveur de l’acte, et les personnes de la communauté impactéespar l’acte. J’ai donc rencontré d’abord Mme C., leprofesseur principal de la classe qui était pour moi l’initiatricedu cercle. Avec elle nous avons précisé l’acte à propos duquelle cercle allait se dérouler. Je lui ai offert une écouteempathique. Et je lui ai demandé quelles étaient selon elle lespersonnes nécessaires à la résolution de ce conflit. Elle adésigné les deux élèves auteur de l’acte, la jeune fille quiavait craqué le jour où le groupe 2 lui avait parlé de ce problèmeet deux autres jeunes filles de la classe qui s’étaient expriméce jour là et avaient aussi partagé leur souffrance. Je lui aidécrit le processus du cercle restauratif. Finalement, je lui aidemandé si elle avait envie de poursuivre et elle a acquiescé. J’ai ensuite reçu toutes les personnesdésignées par Mme C. en leur offrant la même écoute empathiquepour qu’elles se sentent entendues dans ce qu’elles ont vécu. Jeleur ai aussi demandé quelles étaient les personnes nécessaires àla résolution de ce conflit et si elles avaient envie de poursuivre. J’ai ainsi reçu, entre le 21 janvier et le10 février 19 personnes. 15 ont choisi de continuer et de participerau cercle restauratif. Pour m’aider et me soutenir, et comme leprévoit le processus, j’ai également choisi des co-facilitateursparmi les membres de la communauté (ici assimilée au Lycée) :Laurence M. l’infirmière scolaire du lycée et Nathalie D,intervenante dans l’établissement<ref name="ftn5">Ancienne institutrice formée à l’accompagnementpsychothérapeutique centré sur la personne selon Carl Rogers et àla Communication NonViolente selon le processus de Marshall B.Rosenberg, Nathalie DARD anime depuis deux ans dans notreétablissement le Cercle d'accueil, de rencontre, de réflexion etd'échange, un lieu sécurisé d’échange et de réflexion autourdes pratiques et des difficultés professionnelles.</ref>. Cesdeux personnes avaient en effet également participé à la sessionsur les cercles restauratifs menée par Dominic BARTER à Gradignanet étaient donc formées à cet outil. J’ai ainsi pu bénéficiermoi aussi d’un avant cercle assuré par Nathalie DARD<refname="ftn6"> Nathalie DARD et son mari Dieudonné DARDsont les personnes qui ont crée à Bordeaux le Groupe de pratique etde recherche sur les cercles restauratifs. Ils ont rencontré EricDEBARBIEUX en compagnie de Dominic BARTER en juillet 2013 auMinistère de l’Education Nationale pour évoquer le recours auxCercles restauratifs dans les cas de harcèlement à l’école.</ref>. J’ai pu notamment y vérifier ma neutralité parrapport à chacun des participants. == Le Cercle == == Il s’est réuni le 10 février 2014 à9H15. Il regroupait les auteurs de l’acte, les receveurs de l’acteet les personnes de la communauté impactées par l’acte. Soit 15personnes dont un professeur et quatorze élèves de la classe<refname="ftn7"> En dehors de Mme C., les élèves reçusn’ont pas désigné d’adultes comme étant nécessaires à larésolution du conflit. Aucun n’a désigné de parent parexemple.</ref>, auxquels il convient d’ajouter les troisfacilitateurs. Le cercle comporte trois temps. # Le premier permet à chaque personned’exprimer ce qu’elle vit en relation avec l’acte et amène àune '''compréhension mutuelle'''# Le second permet à chaque personne d’exprimerce qui l’a amenée à agir comme elle l’a fait et amène à'''l'auto-responsabilisation''' de chacun# Le troisième permet la mise en place d’un'''plan d’action''' par la décision d’actes de réparation (surle plan matériel) et de restauration (sur le plan relationnel), avecun échéancier précis pour leur réalisation et la décision de ladate de l’après cercle Le cercle a duré presque trois heures.Durant cette période les receveurs de l’acte ont pu exprimer toutela souffrance qu’ils avaient endurée. Certains membres de lacommunauté ont également pu exprimer leur désarroi et leursentiment d’impuissance devant les faits ainsi que leurs regrets den’être pas intervenus plus tôt et plus clairement. Les auteurs del’acte ont accusé réception des souffrances endurées par lesélèves de leur classe et ont commencé à exprimer eux aussi lamanière dont ils avaient vécu les choses. L’étape decompréhension mutuelle a donc pu être largement entamée. Néanmoins, la phased’auto-responsabilisation, celle qui permet à chacun de dire cequ’il recherchait au moment où il a choisi d’agir, n’a pas étécomplète. Elle a été largement amorcée par les receveurs del’acte et certains membres de la communauté, mais pas vraiment parles deux jeunes filles auteurs de l’acte. Le plan d’action a donc consisté àproposer de se réunir à nouveau au retour des vacances de févrierpour terminer le processus entamé. == Fin du processus == Malheureusement, le 2 mars, la veille de larentrée j’ai du annuler le cercle car j’étais totalement aphoneet donc incapable de faciliter. Il a été reporté au 10 mars. Le 10 mars, j’ai constaté que seules septpersonnes étaient présentes : Mme C., les trois élèvesreceveurs de l’acte, et trois élèves moins touchées. Mais lesauteurs de l’acte n’étaient pas là. Le cercle n’a donc pas puavoir lieu. J’ai utilisé ce temps pour demander auxpersonnes présentes comment elles se sentaient actuellement. Chacunea pu s’exprimer. Elèves et professeur se sentaient bien, ilsconstataient que les faits à l’origine du cercle avaitcomplètement cessés. Les jeunes filles qui avaient le plus souffertdes actes mis en place par les deux élèves se sentaient désormaisen sécurité au sein de la classe. J’ai vérifié ensuite qu’elles sauraientquoi faire si de tels faits recommençaient et chacune a exprimé àqui et comment elle demanderait de l’aide en cas d’incidentsimilaire. Leurs réponses étaient claires, spontanées et tout àfait opérantes. Je leur ai alors demandé si elles avaientd’autres demandes concernant ce conflit. Elles ont expriméqu’elles demeuraient inquiètes que les deux jeunes fillesrecommencent leur agissements pas tant sur elles mais sur d’autresà l’avenir. En effet, les élèves présentes ont pointé que cesjeunes filles avaient minimisé leurs actes et surtout leursconséquences et n’avaient pas pris leur part de responsabilité.J’ai donc demandé si elles avaient des suggestions pour palliercela, ou en tout cas si elles avaient l’idée de quelque chose quipourrait être fait pour les soulager de cette inquiétude. Après discussion, il a été proposé que jerencontre séparément les deux jeunes-filles pour leur faire part del’inconfort et de l’inquiétude de leurs camarades. J’ai donc convoqué les deux élèves. Achacune, j’ai exprimé la frustration de leurs camarades de ne pass’être senties complètement entendues dans leur souffrance etleur inquiétude de les voir répéter leurs actes. Ces deux élèves ayant fait état desouffrances passées pour lesquelles elles n’avaient pas trouvéd’écoute ni d’empathie, je leur ai aussi demandé si elle avaitpu partager un peu de ce passé douloureux après le cercle. Chacuneavait effectivement pu trouver un interlocuteur pour être entendues. == Reprise des craintes de harcèlement == Le lundi 19 mai 2014, quatre élèves de 2nde 3et leurs mères ont demandé à être reçues de manière impromptueà 15H30. Je les ai donc reçues mais sans pouvoir leur accorder toutle temps et l’espace que j’aurais souhaité, ayant un rendez-vousimportant prévu à 16H00. Ce sont essentiellement les mères qui se ontexprimées&nbsp;: tout s'était vraiment calmé avec les deuxjeunes-filles mais depuis le retour des vacances de Pâques, ellesavaient repris leurs mauvaises habitudes et faisaient des réflexionsdésagréables et dévalorisantes en cours et hors cours, devant etpar derrière surtout. Les élèves présentes ont alors dit leurextrême malaise de les voir renouer avec leurs anciennes pratiques.Leurs mères ont exprimé une réelle inquiétude. J’ai donc informé Mme C. et Sophie B. – macollègue en charge de la classe – de ces derniers faits. Nous avons décidé de recevoir séparément lesdeux jeunes filles accompagnées de leurs parents. Les deux rendez-vous auront lieu le 26 mai etont été conduits par Mmes C., B. et moi-même. D’abord sur ladéfensive, les deux mères ont fini par adopter une positioncongruente avec celle des autres parents, prenant conscience dumalaise que vivait les autres élèves. Ce revirement a d’ailleurs été rendupossible lorsque chacune d’entre elle a réalisé quel’établissement avait vraiment pris soin de leur fille en mettanten place un cercle restauratif. L'opportunité d'un règlement duconflit qui prenne en compte chacun leur avait été proposée. Les deux mères ont donc bien compris et acceptéle recours à la sanction qui était mise en place devant larécidive. Un avertissement a en effet été posé pour chacune desjeunes filles par le Proviseur adjoint, M. P.. Les élèves et leurfamille en ont été avisés ce jour là. == Notes et références == <references />   [[Catégorie:Témoignage]]

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